Pour tous ceux qui le connaissent, et encore plus pour celles et ceux qui l’ont fréquenté, le lycée Buffon est d’abord un véritable monument, « un édifice imposant par sa grandeur, sa beauté, son ancienneté » selon les termes de la définition du mot dans le Littré. Tout — dans sa conception, son plan et sa réalisation — mérite intérêt et souvent admiration.
Son architecte, Vaudremer, a quatre lycées à son palmarès — Buffon étant le second dans sa chronologie — et des analogies peuvent être relevées avec ses autres réalisations : d’abord le lycée Champollion à Grenoble (premier de la série), puis après Buffon le lycée Michelet à Montauban et le lycée Molière à Paris. Peut-on dire, comme le suggère Jean-Michel Leniaud, que « le lycée Buffon affiche son rationalisme dans le mode constructif » ? Pour en juger, voici le chapitre consacré au lycée Buffon dans la biographie de Vaudremer (déjà citée), parue en 2004 sous la signature de Alice Thomine — qu’elle a bien voulu nous autoriser à publier ici.
Le lycée Buffon à Paris – Une œuvre architecturale
Comme il est dit dans le texte précédent, dès 1901, la décision d’agrandir la construction initiale fut prise et la réalisation d’un petit lycée fut confiée à des élèves de Vaudremer. Ceci fut néanmoins jugé insuffisant dans les années 20 pour faire face aux accroissements importants de la population scolaire à desservir — ce qui entraîna une nouvelle extension décidée en avril 1927.
Conseil municipal de Paris — 8 avril 1927
Agrandissement de 1927 et modernisation ultérieure
Le plan actuel du lycée reflète toutes ces évolutions.
Extérieurement, le bâtiment actuel semble en effet ne pas avoir changé depuis 1889, hormis la prolongation de sa façade en contrebas du 14 boulevard Pasteur. On retrouve le même corps central flanqué de deux tourelles en avancée le reliant aux longues ailes à un étage ceinturant les trois côtés : boulevard Pasteur, rue de Vaugirard et rue de Staël.
Comme ses lointains prédécesseurs du XIXe siècle, le visiteur contemporain est accueilli au 16 boulevard Pasteur par une entrée principale ouvrant sur un vestibule distribuant la loge d’accueil, le parloir et l’escalier central qui lui-même donne accès au niveau principal. En haut de cet escalier, la cour d’honneur avec son jardin et son bassin est bordée des principaux bureaux de l’administration. Le rez-de-chaussée sur le boulevard accueille des salles de réunion tandis que les étages supérieurs abritent des logements de fonction.
De part et d’autre de ce tronçon central, qui se prolonge à l’arrière par une cour de sport en contrebas, on trouve deux cours, communément appelées « cour des grands » et « cours de moyens » (ou « cour des petits » dans les premières années). Celles-ci sont bordées sur deux niveaux de salles de classe et la circulation y est assurée par des galeries couvertes.
C’est l’aile longeant la rue de Staël qui a connu les premiers aménagements par rapport au plan initial. Les préaux qui occupaient le rez-de-chaussée au fond des deux cours principales ont rapidement été transformés en locaux supplémentaires : on y trouve notamment aujourd’hui le foyer des élèves et le centre de documentation et d’information. Au sommet à l’angle de la rue de Vaugirard et de la rue de Staël, la salle de dessin avec verrières a été modernisée lors du réaménagement de l’amphithéâtre de sciences du niveau inférieur, avant d’être abandonnée après la création d’une nouvelle salle dédiée aux arts plastiques à la fin des années 1990. De même, un tronçon de la galerie couverte à l’étage fut condamné dans les années 1970 pour être temporairement transformé en salle d’éducation manuelle et technique.
Mais c’est surtout dans la partie la plus basse de la cité scolaire qu’on peut voir les transformations successives des bâtiments. Située au même niveau que les caves sur lesquelles ont été construites les parties décrites ci-dessus, la cour accessible par la porte cochère du 14 boulevard Pasteur n’était à l’origine destinée qu’aux activités de service. Elle permettait d’accéder à la chaufferie, au réfectoire et aux chambres de service situés du côté de la rue de Staël. Une grande partie de sa surface était occupée par une rampe d’accès pour voitures à bras ou à chevaux conduisant au niveau des cours principales. Le besoin de locaux supplémentaires conduisit vers 1901 à l’édification d’une série de salles de classe ouvertes directement sur la cour puis, de 1927 à 1929, à la principale extension du lycée grâce à l’expropriation de constructions voisines. Enfin les travaux menés entre 1995 et 1998 ont permis à la fois la modernisation du réfectoire, la construction d’un nouveau gymnase et la réalisation d’un nouveau bâtiment d’architecture résolument moderne abritant des salles spécialisées et donnant sur les jardins à l’arrière des immeubles de la rue Lecourbe.
Le bâtiment du lycée Buffon présente donc la particularité d’être l’un des « monuments » les mieux préservés du XVe arrondissement tout en restant une construction vivante et en constante évolution.
