C’est peu de dire que la guerre de 1914-1918 a été un profond désastre pour notre pays, dont elle a décimé la jeunesse, détruit le patrimoine de nombreuses villes et campagnes et porté en germe une seconde guerre mondiale qui, 20 ans plus tard, est venue en rajouter pour ceux qui avaient réchappé à la première et amener d’autres malheurs encore pour les générations suivantes.
La trace de ces conflits demeure vive dans la mémoire nationale, et particulièrement à Buffon, le souvenir en est vivace tant par la présence des plaques commémoratives apposées sur les murs du hall du lycée, que la cérémonie organisée chaque année à l’occasion de la commémoration du 11 novembre par les élèves des classes d’histoire.
Les trois plaques ainsi dédiées « 1914-1918 aux anciens élèves morts pour la France » sont particulièrement impressionnantes.
On peut y découvrir le nom de 199 anciens dont le lycée, à l’initiative de l’Association des anciens élèves du lycée Buffon, conserve la mémoire depuis 1921 – après les avoir honorés à chaque distributions des prix, entre 1915 et 1919, par la voix du proviseur Breitling.
Les anciens de Buffon morts pour la France en 1914-1918 (liste initiale)
D’emblée, ce sacrifice de 199 vies apparaît considérable, et à l’évidence il l’est. Et pourtant tout porte à croire que ce triste bilan n’est que partiel ! En effet, pour avoir constaté que quelques noms répertoriés n’apparaissaient pas, il a été procédé – à l’initiative de la Société des Amis du Lycée Buffon – à un travail méthodique de rapprochement de la liste de tous ceux qui, à Buffon entre 1890 et 1910, ont été cités dans les palmarès annuels du lycée avec le répertoire des Morts pour la France établi par le Ministère de la Défense à partir des dossiers individuels collationnés.
Les conclusions de ce travail sont juste accablantes : 347 noms doivent d’emblée être ajoutés avec certitude à la triste liste précédente !
Les anciens de Buffon morts pour la France en 1914-1918 (liste complémentaire)
Cette considération ne doit pas étonner les observateurs que nous sommes : une mort sur le champ d’honneur est « normalement » déclarée à la commune de naissance du défunt, ou à celle de sa résidence… et plutôt exceptionnellement à son lycée !
À ce stade, aux 199 morts identifiées en 1921, on doit donc ajouter ces 347 noms, ainsi que la plupart des 169 autres noms de personnes qui partagent avec d’autres les mêmes nom, prénom et commune de naissance – disons la moitié pour garder une hypothèse prudente !
Et ce bilan alourdi de 630 victimes est encore sous-évalué, puisque seule la population des lauréats de Buffon entre 1890 et 1910 a été passée au crible du recensement national.
Au total, nos travaux reviennent finalement à évaluer le nombre d’anciens de Buffon tués lors de la Première Guerre mondiale à certainement plus de 800, soit au moins 19% des jeunes qui ont été élèves à Buffon au cours des 20 premières années d’existence du Lycée. Une hécatombe !
Finalement à Buffon, contrairement à Georges Brassens, « celle de 14-18 », nous ne l’aimons décidément pas !